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Apprendre et maîtriser les nuances au violon

    Les nuances ont une importance cruciale dans l’interprétation d’un morceau si l’on veut que celle-ci soit musicale et aboutie. C’est l’un de nos principaux outils pour dépasser la simple maîtrise des notes. Il nous permet de rajouter de la profondeur et de l’expression à notre musique, et ainsi capter l’attention et susciter l’émotion chez l’auditeur.
     
    Cela peut sembler être quelque chose de tout à fait naturel lorsque l’on écoute des musiciens aguerris interpréter un morceau, mais apprendre à faire de belles nuances, tout comme la technique d’archet par exemple, requiert beaucoup de pratique pour pouvoir être maîtrisée et utilisée de manière libre et naturelle dans vos morceaux. 
    Si vous êtes débutant et que vous souhaitez développer votre musicalité, malgré que vous ne savez pas encore trop comment vous y prendre pour faire de belles nuances, pas d’inquiétude. Je vous explique dans cet article ce qu’il y a à savoir pour appréhender le sujet : nous définirons plus concrètement ce que sont les nuances, les différentes techniques pour les réaliser, ainsi que des conseils et les pièges à éviter. 

    Les différentes nuances

    Définissons d’abord ce que sont les nuances (piano, forte…) ainsi que les nuances dynamiques (crescendo…). Celles-ci se traduisent par des variations du volume sonore et de l’intensité dans l’interprétation musicale.  Comme beaucoup d’autres indications en musique, elles sont généralement écrites en italien.
     
    Voici un aperçu des principales nuances que l’on peut rencontrer dans nos partitions. 
     
    Piano (p) – doux
    C’est une nuance assez « faible », avec peu de sonorité. La musique est généralement jouée doucement et délicatement lorsque cette nuance est écrite.
     
    Forte (f)- fort
    Cette nuance est assez puissante de volume et d’intensité, mais sans aller dans l’excès. Le son doit rester clair et le plus propre possible tout de même.
     
    Les nuances piano et forte sont très opposées l’une de l’autre. Des nuances « intermédiaires » peuvent donc apparaître lorsque l’on veut jouer à des intensités se trouvant entre.
    On retrouve donc avant nos nuances de base le terme « mezzo », signifiant moyennement en italien, devant nos nuances de base.
     
    Mezzo piano (mp) – moyennement doux
    On retrouve donc plus de sonorité que pour un piano, mais généralement toujours avec un certain calme.
     
    Mezzo forte (mf) – moyennement fort
    Peut-être la nuance la plus neutre et facile à employer, jouée avec une puissance et intensité modérées. 
     
    Pianissimo (pp) – très doux
    C’est la plus faible nuance que l’on retrouve en musique classique. Elle doit être jouée avec le plus faible niveau sonore possible, presque semblable au chuchotement.
     
    Fortissimo (ff) – très fort
    La plus forte nuance, devant être jouée vigoureusement avec beaucoup de puissance.
     
    En musique, on ne passe pas toujours subitement d’une nuance à une autre. Il est donc courant de retrouver sur notre partition une indication pour diminuer ou augmenter progressivement le volume sonore. 
     
    Crescendo
    Cette indication nous signifie qu’il faut augmenter progressivement le volume sonore. Le terme « cresc. » peut parfois remplacer le signe habituellement utilisé, notamment dans les longs crescendos. Dans ce cas là, il dure généralement jusqu’à la prochaine indication de nuance. 
    Il est parfois noté « cresc. » sur la partition, mais il prend généralement l’apparence d’un cône qui s’ouvre vers la nuance plus élevée.
     
    Decrescendo, ou diminuendo
    Cette indication nous signifie qu’il faut au contraire diminuer le volume sonore. Il peut aussi être noté « dim. » sur la partition. 
    Pour en revenir à notre histoire de cône, celui-ci est donc ouvert au début puis se referme vers la prochaine nuance plus faible.
    Dans l'extrait de cette partition, nous partons de la nuance "forte" au début de la première mesure, puis avons un "decrescendo" jusqu'à la nuance "piano" au début de la 2e. Nous avons après un crescendo jusqu'à la nuance "forte" pour redescendre une nouvelle fois vers la nuance "piano".

    Comment faire concrètement des nuances ?

    Quelques erreurs à éviter

    Nous avons maintenant vu tout ce qu’il y a à savoir sur les différentes nuances, voici quelques conseils pour vous permettre de les réaliser au mieux avec votre violon. Nous parlerons ici surtout de technique d’archet, car bien que votre sensibilité musicale soit importante, il faut avant tout un certain bagage de technique et de connaissances sur votre archet afin de pouvoir créer de réels contrastes de nuance.
     
    Jouer avec la longueur d’archet
    La longueur d’archet peut influencer votre volume sonore. Vous pouvez jouer une note avec seulement le quart de la longueur de votre archet pour le jouer à une nuance faible, mais vous pouvez tout aussi bien jouer la même note avec la moitié de votre archet voir même en utilisant votre archet entier pour en modifier la sonorité.
    La longueur d’archet pour jouer la note en question change pour en modifier la nuance, mais c’est en réalité la vitesse d’archet qui influe sur le volume sonore à ce moment là. La corde vibrera plus si vous la frottez avec plus de vitesse, ce qui augmentera le volume et surtout la projection du son produit, et inversement.
     
    Jouer avec le poids de l’archet
    Si vous mettez plus de poids sur la corde, vous augmenterez ainsi la puissance de votre son. Vous pouvez jouer avec le poids naturel de votre bras droit, surtout sur les deux cordes graves, qui sont plus épaisses et surtout moins tendues que les cordes aiguës, ce qui leur donne une plus grande amplitude dans la variation de poids qu’elles peuvent recevoir. Attention cependant à ne pas en mettre trop ou vous risqueriez de voir votre son saturer, surtout sur les cordes aiguës, plus sensibles au poids de l’archet.
    Si au contraire vous mettez très peu de poids dans l’archet, celui ci ne fera que effleurer la corde et vous obtiendrez une nuance faible, presque chuchotée.
     
    Jouer avec la place de l’archet
    Par « place d’archet », on peut parler de quelle portion de l’archet vous utilisez en jouant. L’archet est naturellement plus léger à la pointe qu’au talon. Cela nous ramène au point vu précédemment sur le poids que vous mettez sur votre corde en jouant, vous pouvez jouer plutôt vers la pointe pour avoir un son plus doux, ou vers le talon pour avoir un son plus puissant voir plus sec.
    On peut aussi assimiler le terme de « place d’archet » à où celui ci est posé sur la corde. Plus vous rapprocherez l’archet de la touche, et plus votre son sera calme et doux. Plus vous jouez vers le chevalet, et plus le son sera puissant et percutant.
     
    Jouer avec l’inclinaison de l’archet
    L’inclinaison de la baguette de l’archet à aussi une importance à jouer dans la sonorité que vous allez obtenir. Si la baguette est droite, ou autrement dit à plat sur la corde, alors la totalité des crins de l’archet viendra frotter la corde et vous obtiendrez ainsi plus facilement un son puissant. Si au contraire la baguette est inclinée vers l’avant, vous diminuerez la quantité de crins venant frotter la corde, ce qui peut être intéressant pour des sonorités plus douces.
     
     
    Voici donc quatre paramètres d’archet que vous pouvez modifier et ajuster comme bon vous semble pour jouer des nuances variées et contrastées. Cela fait beaucoup de choses à gérer à première vue, mais lorsque vous travaillez sur la sonorité et la nuance d’un passage de votre morceau, imaginez vous comme un cuisinier, qui joue sur les proportions de chaque ingrédient pour rechercher le plat parfait. Tentez des choses, et si vous n’obtenez pas ce que vous voulez, testez autre chose. Vous verrez qu’au bout d’un moment, vous aurez de plus en plus de facilités à obtenir directement la nuance que vous souhaitez.
     
    Soyez guidé par une intention musicale
    Si vous ne savez pas ce que vous souhaitez faire avec exactitude en terme de nuance et de phrasé, cela se ressentira lorsque vous jouerez votre morceau. Assurez donc d’avoir une réelle intention musicale avant de travailler les nuances. Pour cela, vous pouvez tenter d’analyser votre partition. Arrivez vous à distinguer les différentes phrases, trouver où celles ci commencent et finissent ? Quelle est la dynamique, et quel expression ressort du passage que vous travaillez ? N’hésitez pas à faire un travail sur table pour clarifier tout cela, et si il en existe, à écouter des enregistrements du morceau que vous travaillez. Cela peut prendre un peu de temps, mais vous le regagnerez largement lorsque vous reprendrez votre violon ensuite.
    Lorsque l’on parle de nuances, on parle ici uniquement des variations de sonorité et de volume sonore. Ce n’est pas le seul outil de « phrasé » et il est facile de le confondre avec d’autres.
     
    Une des erreurs communes est de le confondre avec le tempo. Nous avons souvent tendance à vouloir accélérer lorsque nous avons un crescendo ou sur les nuances les plus fortes, alors qu’au contraire il est facile de ralentir lors d’un decrescendo et d’un passage vers une nuance plus douce. Cela peut parfois être justifié d’un point de vue musical (et est dans ce cas là probablement déjà noté sur la partition en plus de la nuance !) , mais le plus souvent non. C’est une erreur fréquente même chez les violonistes de très bon niveau, n’hésitez donc pas à sortir votre métronome de temps en temps si besoin.
     
    Une autre erreur régulière est de confondre nuance et articulation.
    L’articulation concerne la façon dont les notes sont attaquées. Cela concerne les liaisons, le détaché, sautillé, staccato etc… Et sont donc indépendantes des nuances même si elles influent aussi sur la dynamique du morceau. Il est possible de jouer du martelé aussi à une nuance piano, et de jouer des grandes liaisons à une nuance forte par exemple.

    De la théorie à la pratique

    Il est bien sûr important de ne pas omettre les bases théoriques lorsque l’on aborde un sujet aussi vaste et complexe, mais cela ne vaut pas grand chose si vous ne mettez pas cela en pratique par la suite ! Je vous invite donc à prêter une attention particulière aux nuances pour les prochains morceaux que vous travaillerez, ou même à reprendre un ancien morceau que vous maîtrisez déjà techniquement pour travailler ce point.

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